L’un des principaux rôles de la monnaie, prise sous toutes ses formes (chèque, billets, pièces, comptes courants), est de servir d’intermédiaire aux échanges entre les agents économiques. Mais comment est créée la monnaie ? Qu’est-ce que la création monétaire ?
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Création monétaire
Il est important que la quantité de monnaie (ou le stock de monnaie) en circulation dans l’économie soit suffisante pour permettre le bon fonctionnement du système économique sans être excessive (attention à la dérive inflationniste).
Or, si le stock de monnaie en circulation dans l’économie demeurait constant, cela empêcherait les échanges entre les agents économiques de se développer car une partie de la demande en provenance des consommateurs serait contrainte par le manque de monnaie. De fait, l’offre serait elle-même contrainte par des perspectives de débouchés restreintes et la croissance économique en pâtirait.
Imaginez une entreprise qui produit des capsules de café. Si la quantité de monnaie restait constante, cette entreprise ne pourrait pas vendre plus de capsules car la quantité de monnaie en circulation ne permettrait pas aux consommateurs d’en acheter plus… En revanche, si la quantité de monnaie augmente, les consommateurs peuvent utiliser plus d’argent et acheter plus de capsules de café. C’est comme si sur votre salaire on vous donnait 100€ de plus par exemple. Avec ces 100€ supplémentaires vous pouvez acheter plus de capsules de café. Si on vous retire 100€ de votre salaire, vous pourrez alors en acheter moins.
Il est donc important que le stock de monnaie en circulation puisse progresser en liaison avec les besoins de financement des agents économiques. Dans ce contexte, la création monétaire revêt une importance capitale. On parle de création monétaire car il s’agit d’un processus qui se traduit par un accroissement du stock de monnaie existant, et donc littéralement par la création de monnaie qui n’existait pas au préalable.
A la base même de ce processus de création monétaire se trouve un agent économique (un particulier, une entreprise) qui souhaite acquérir un bien (une voiture, une maison, une machine) ou financer un surcroît de dépenses sans avoir les ressources financières correspondantes.
En l’absence de crédit, cet agent ne pourrait pas réaliser immédiatement son projet et devrait attendre de disposer des ressources nécessaires pour le faire, ce qui dans certains cas pourrait prendre des années, voire ne jamais se réaliser (par exemple acheter une maison pour un particulier).
Toutefois, grâce aux crédits qu’elles accordent à leurs clients, les banques commerciales vont permettre à une grande partie de ces projets de se matérialiser. Les banques commerciales jouent un rôle de prestataire de service financier pour les particuliers et les entreprises qui les situent au cœur du financement de l’économie et en font un acteur majeur de celui-ci.
Deux façons d’octroyer des crédits
Il y a cependant deux façons pour les banques commerciales d’octroyer des crédits à leurs clients.
Utiliser les dépôts existants
La première consiste à utiliser les dépôts de leur clientèle qui sont non employés. Ce faisant, les banques transfèrent des ressources en provenance d’agents en capacité d’épargne vers des agents ayant des besoins de financement. Comme les dépôts de leurs clients sont généralement liquides à court terme et que les prêts qu’elles accordent sont à plus long terme, les banques pratiquent la transformation d’une épargne liquide préexistante en financements plus adaptés aux besoins de l’économie. Ce processus est résumé par l’adage « les dépôts font les crédits » . Toutefois, il s’agit ici d’un simple transfert d’une catégorie d’agents vers une autre, et il n’y a donc pas de création monétaire.
La création monétaire
La seconde façon pour les banques commerciales d’octroyer des crédits à leurs clients consiste justement à créer de la monnaie, c’est à dire à effectuer un prêt sans avoir les montants correspondant en ressources.
Pour ce faire, les banques commerciales vont créditer le compte courant de leur client du montant du prêt accordé. Par un simple jeu d’écriture, elles vont ainsi créer de la monnaie. Dans ce cas, « les crédits font les dépôts » puisque le montant du crédit octroyé vient alimenter le compte courant du client de la banque commerciale.
C’est grâce à ce processus que le stock de monnaie en circulation croît en liaison avec les besoins de monnaie du système économique. Seules les banques commerciales ont ce pouvoir de création monétaire.
Ce sont essentiellement les banques commerciales, celles qui sont habilitées à la fois à faire des crédits et à recevoir des dépôts, qui créent de la monnaie.
Deux autres sources de création monétaire
Le déficit de l’Etat
il peut entraîner de la création monétaire dans la mesure où il est financé par du crédit bancaire ou directement par la banque centrale (planche à billets). Cependant, ce n’est pas le cas le plus fréquent : les Etats s’endettent généralement en captant l’épargne privée via des emprunts obligataires et la possibilité de financer le déficit public par de la création monétaire est strictement limité dans la plupart des pays, notamment en zone euro.
Les achats de devises
Lorsqu’une banque achète des devises, elle crédite le compte de son client en euros (créant ainsi de la monnaie) et reçoit en contrepartie les devises.
Toutefois, ces deux sources de création monétaire restent secondaires.
Une banque centrale crée ce qu’on appelle de la « monnaie banque centrale ».
Un des rôles de la banque centrale est de permettre le bon fonctionnement du marché interbancaire, notamment en fournissant aux banques les liquidités dont elles ont besoin pour effectuer leurs paiements sur ce marché. De fait, elle crée de la monnaie « banque centrale » pour la durée du prêt. Mais cette monnaie est exclusivement utilisée pour les paiements entre banques et transite par les comptes que les banques détiennent à la banque centrale. Cette monnaie ne peut donc pas être utilisée directement pour accorder des crédits, elle ne circule pas dans l’économie et ne vient pas gonfler la masse monétaire.
Par ailleurs, la banque centrale produit les billets qui circulent dans l’économie.
Ces billets sont fournis aux banques qui à leur tour les mettent en circulation au profit des particuliers ou des entreprises. Toutefois, il n’y a pas de création monétaire car lorsque ces derniers retirent des billets, leurs comptes bancaires sont débités du montant correspondant. Il s’agit donc d’un simple transfert des dépôts bancaires vers les billets, sans que la masse monétaire en circulation dans l’économie ne gonfle.
La planche à billets
Néanmoins, la banque centrale peut créer indirectement de la monnaie en finançant le déficit budgétaire. C’est ce que l’on appelle « faire marcher la planche à billets ».
L’expression « faire fonctionner la planche à billets » désigne le fait, pour une banque centrale, de financer le déficit public en créditant le compte que l’État détient dans ses livres du montant de ce déficit, moyennant une rémunération.
La banque centrale accorde ainsi une avance au Trésor Public qui se traduit par une injection de liquidités dans l’économie (via les paiements réalisés par le Trésor Public) et un gonflement de la masse monétaire (hausse équivalente des dépôts à vue et/ou des billets en circulation). Si cette avance n’est pas remboursée elle peut générer un comportement de laxisme budgétaire et de financement systématique du déficit public par la banque centrale qui finirait par provoquer des tensions inflationnistes (via une surchauffe de l’activité économique et une dépréciation de la monnaie).
C’est pourquoi une telle pratique est aujourd’hui interdite à la BCE et dans toute la zone euro.
Ne pas confondre la création monétaire avec les politiques d’assouplissement quantitatif
Il ne faut pas confondre « planche à billets » et « politique non conventionnelle » ou « programmes d’assouplissement quantitatif », tels que ceux qui ont été mis en œuvre aux Etats-Unis, au Japon, dans la zone euro ou en Angleterre.
En effet, dans le deuxième cas, la banque centrale achète des titres représentatifs de la dette publique sur le marché primaire (cas des politiques d’assouplissement quantitatif de la FED et de la Banque d’Angleterre) ou secondaire (cas du programme d’assouplissement quantitatif décidé par la BCE en janvier 2015) afin de faire baisser ou de contenir les taux d’intérêt et donc de permettre au Trésor d’emprunter dans de meilleures conditions sur les marchés financiers. Cette opération est appelée « Quantitative Easing« . Elle ne finance donc pas l’intégralité du déficit budgétaire, forçant ainsi le gouvernement à recourir aux marchés financiers pour couvrir le solde de ses besoins.
Lorsque la banque centrale achète des obligations d’Etat sur le marché primaire, elle crée néanmoins de la monnaie de façon indirecte. En effet, la banque centrale paye les titres qu’elle acquière au moyen de liquidités qu’elle crée ex nihilo. Le Trésor va utiliser une partie de cet argent frais pour payer ses fonctionnaires ou ses créanciers nationaux (fournisseurs). Les comptes bancaires de ces derniers vont donc être crédités des sommes en question, ce qui fait gonfler la masse monétaire.
Lorsque la banque centrale achète les titres obligataires sur le marché secondaire, le lien avec la création monétaire est plus ténu, car les liquidités ainsi créées vont se déverser sur les marchés financiers au profit des vendeurs de ces titres (banques, assurances, fonds de pension, hedge funds,…). Ce n’est que si ceux-ci décident de réinvestir les sommes perçues en acquérant des titres sur le marché primaire (achat d’obligations d’Etat ou d’obligations d’entreprises) de la zone monétaire (zone euro par exemple), ou si les banques décident d’accorder davantage de crédits aux agents économiques, que les liquidités créées par la banque centrale viendront alimenter la masse monétaire.
En résumé:
- On crée de la monnaie en prêtant l’argent des dépôts ou en accordant des crédits avec de l’argent que la banque n’a pas. Il s’agit d’un simple jeu d’écriture sur le compte de la banque et de l’emprnteur.
- La création monétaire doit être maîtrisée sinon les risques seraient de voir une inflation trop importante ou une déflation. Dans les 2 cas une petite évolution n’est pas dramatique, au contraire. En revanche, lorsque les prix évoluent énormément ce n’est pas bon signe.
- Si tous les épargnants venaient en même temps récupérer la totalité de leur argent (on parle de Bank run), ce serait la faillite pour toutes les banques et probablement du système économique actuel, celles-ci ne pouvant rembourser l’ensemble des épargnants puisqu’elles prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas.
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