Jeremy Salle

octobre 18, 2018

Bourse, Crise immobilière, Grande dépression, Hyperinflation, Inflation, Jeudi noir, Krach boursier, Lundi noir, Suivi de tendance

Le krach boursier de 1929 a marqué tous les esprits. Il s’agit d’une crise qui se déroula entre le jeudi 24 octobre et le mardi 29 octobre 1929 à la Bourse de New York, Wall Street. Cet événement, le plus célèbre de l’histoire boursière, marque le début de la Grande Dépression, la plus grande crise économique du 20e siècle. En quelques jours le cours des actions s’effondrent et provoque une crise boursière, qui aura des conséquences économiques et sociales graves, aux Etats-Unis comme dans le reste du monde.

Les jours clés de cet événement ont été baptisés ainsi : le 24 octobre est appelé « jeudi noir », le 28 octobre est le « lundi noir », et le 29 octobre est le « mardi noir ». Conséquence directe, aux États-Unis, le chômage et la pauvreté explosent pendant la Grande Dépression et poussent quelques années plus tard à une réforme agressive des marchés financiers.

Les prémices du krach boursier 

On fait commencer la Grande Dépression des années 1930 au « krach », c’est-à-dire à l’effondrement des valeurs boursières qui se produit à la Bourse de New York, Wall Street, le « jeudi noir » 24 octobre 1929. En réalité, la crise est précédée de signes avant-coureurs : aux États-Unis, l’immobilier s’essouffle en 1926, l’automobile, au début de 1929. L’ascension du marché des valeurs, entre 1925 et 1929, crée un temps l’euphorie : mais l’expansion boursière ne concerne qu’une minorité d’Américains, et les hausses, spéculatives, ne correspondent pas à des richesses réelles.

En 1926, le « call loan » est mis en place. Ce système permet aux investisseurs d’acheter des actifs financiers à crédit avec une couverture de seulement 10%. Cela veut dire qu’avec 10€ en poche on peut acheter l’équivalent de 100€ de titres financiers. Pour faire simple, sur les 100€ investis, 10€ sortent de la poche de l’investisseur, le reste est avancé par la banque. L’intérêt pour l’investisseur est énorme puisque qu’il gagne de l’argent tant que le prix des actifs qu’il achète est supérieur au taux auquel il emprunte. Par exemple, si le cours de ses actions augmente chaque année de 6% et que le taux d’intérêt de son emprunt est inférieur à ces 6% il gagne de l’argent ! Cet « argent facile » attire de nombreux investisseurs ce qui fait augmenter le prix des actifs, entretenant le mythe d’une forte hausse continue. Sauf que…

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Le krach boursier de Wall Street

Le mercredi 23 octobre 1929, deux millions et demi d’actions sont vendues à Wall Street, la Bourse de New York. Les cours baissent (le prix des actions), ce qui anéantit les illusions d’une majorité qui croyait à leur hausse continue puisque l’indice des valeurs de wall street a quadruplé en quatre ans et doublé dans l’unique été 1929.

Dow Jones avant le Krach Boursier
Dow Jones avant le Krach Boursier

Des courtiers, des banques, des entreprises ont prêté de l’argent à vue (c’est-à-dire avec droit de réclamer à tout moment remboursement) à des spéculateurs, qui ont acheté des actions à crédit, comptant sur la hausse pour rembourser. On s’inquiète de la solvabilité des débiteurs et on exige d’eux un paiement immédiat. Pour rembourser, les débiteurs doivent vendre les titres de toute urgence. Ainsi se déclenche la spirale négative de l’offre et de la demande : plus on vend, plus les cours baissent et on vend encore plus pour liquider les dettes, d’autant qu’on s’aperçoit que bien des entreprises sont surcotées.

Le lendemain, le mouvement connaît une accélération : c’est le jeudi noir. 13 millions d’actions sont vendues alors que le volume normal d’échange est de 2 à 3 millions par jour. Les banques tentent de soutenir les cours en rachetant des actifs dont le prix a déjà fortement baissé. Le lundi, elles doivent y renoncer. Le mardi, 16 millions d’actions sont vendues, les cours continuent à baisser. Ainsi, en 22 jours, la chute des valeurs industrielles s’élève à plus de 40 %. L’effondrement de la Bourse de New York est le résultat d’une surcote et d’une spéculation qui dure depuis des années, mais aussi celui d’une panique générale qui saisit les détenteurs d’actions.

Dow Jones pendant le Krach Boursier
Dow Jones pendant les jours noirs

Les conséquences économiques du krach boursier

La crise économique préexiste souvent à la crise boursière (ou krach boursier), mais elle est aggravée par celle-ci : les spéculateurs ruinés vident leurs comptes bancaires (on appelle cela un « bank run »), les banques ne peuvent faire face, d’autant que les autres déposants, inquiets, demandent à être remboursés. 600 établissements environ font faillite en 1929, 1 300 en 1930, 2 300 en 1931. Celles qui survivent restreignent les crédits (on appelle cela le « credit crunch »).

Comme les spéculateurs ruinés ne sont plus des clients possibles, production et consommation souffrent. Des entreprises ferment : 22 000 en 1929, 26 000 en 1930, 28 000 en 1931. En 1932, quatre fois moins d’automobiles qu’en 1929 arrivent sur le marché, le revenu national américain a chuté de plus de moitié, la masse salariale également, le chômage, total ou partiel, frappe le quart de la population active avec un taux de chômage de 25%.

Cela aggrave encore les difficultés qu’ont les entreprises à vendre leur production, d’où une baisse des prix qui déclenche d’autres faillites, d’autres licenciements, d’autres difficultés de ventes. On appelle cela l’effet domino. Un domino tombe, renversant un autre domino qui en renverse un autre, et ainsi de suite. Mais si la production industrielle diminue de 30 %, la production agricole est réduite de 60 % : les agriculteurs sont particulièrement touchés. Beaucoup sont ruinés et expropriés.

Des États-Unis, la crise s’étend au monde entier. Les Américains rapatrient d’Europe leurs avoirs, mettant en crise les systèmes boursier et bancaire du Vieux Continent. Leurs mesures protectionnistes et la chute de leurs importations provoquent l’effondrement du commerce international, qui diminue des deux tiers en valeur (en francs par exemple), d’un quart en volume (le nombre).

Cette contraction entraîne une baisse générale de l’activité économique. La notion de déflation, qui correspond à une conjoncture économique dans laquelle la demande se contracte (=diminue) par rapport au volume de biens et de services produits, provoquant une baisse des prix et des revenus, caractérise donc bien la crise de 1929. Ainsi le PNB (Produit National Brut = richesse créée) américain passe de 104 milliards de dollars en 1929 à 56 en 1933, au prix de 11 à 12 millions de chômeurs.

En France, le rapatriement des avoirs américains à cause de ce krach boursier affecte durement, entre autres, la Banque d’Alsace-Lorraine, l’Union Parisienne et surtout la Banque Nationale de Crédit. Or, bénéficiant de la monnaie la plus forte du monde, toujours garantie par l’or, la France subit elle aussi un contexte déflationniste et le contrecoup des dévaluations des autres monnaies, notamment de la livre sterling (en septembre 1931), provoquant un renchérissement du prix des biens français sur le marché mondial qui freine les exportations de la nation, creuse le déficit commercial et accentue un chômage qui atteint 400 000 personnes en mars 1933 et 1 200 000 en mars 1934. La politique de Laval, en 1935, en imposant une déflation brutale, va accentuer la spirale dans laquelle sombre le pays, et précipite l’accession au pouvoir d’un Front Populaire (en 1936) qui va mettre en œuvre une politique alternative et opposée. En effet, le gouvernement Laval décide d’une baisse de 10 % de tous les salaires publics, crée des impôts nouveaux affectant les très gros revenus et les fournisseurs de guerre, et opère une révision des pensions afin d’en réduire les abus. Mais cela ne suffit pas à sortir de la dépression, et le déficit budgétaire, provoqué par un montant de dépenses publiques (salaires des fonctionnaires, entretien des routes,…) supérieur au montant des recettes (les différentes taxes et impôts), est à peine diminué (10 milliards en 1935, contre 13 en 1933).

Les pays non-Européens, exportateurs de matières premières et de denrées agricoles, sont les plus durement frappés : ils n’ont plus de débouchés, les prix s’effondrent, on brûle par exemple le café, devenu inutile, dans les locomotives brésiliennes. En retour, les importations de ces pays cessent, ce qui gêne l’économie des États industriels exportateurs et compromet leur reprise économique.

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Xénophobie, autarcie, protectionnisme, conséquences du krach

La crise a pour conséquence un phénomène de repli sur soi ; des mesures protectionnistes ou autarciques sont décidées, des réactions xénophobes se produisent. En France, la haine de l’étranger affecte tous les milieux : le monde ouvrier n’est pas épargné, des travailleurs belges, italiens, marocains, polonais sont assassinés. Des revendications xénophobes se font jour jusque dans les syndicats communistes.

Les milieux bourgeois sont aussi touchés : les médecins font interdire l’exercice de leur art aux étrangers, la profession d’avocat se ferme aux nouveaux naturalisés.

En vain, l’extrême gauche ou un patronat favorable à l’afflux d’une main-d’œuvre étrangère moins chère cherchent à se faire entendre. On assène de fausses évidences, on fixe des quotas, on pourchasse les « clandestins ». Officiellement, il n’y a pas de départs forcés ; mais on fait signer « librement » à des immigrés des demandes de rapatriement.

Ailleurs, c’est la tension raciale qui augmente : le chômage atteint plus les Noirs que les Blancs aux États-Unis, plus les indigènes que les Européens en Afrique du Nord ; en Europe centrale et surtout dans l’Allemagne Hitlérienne, l’antisémitisme, exutoire traditionnel du mécontentement, reparaît en force.

Après la crise boursière, la crise bancaire et économique !

La perte de confiance due à la crise boursière affecte la consommation et les investissements lors des mois suivant le krach. Les investisseurs qui ont spéculé en empruntant ne peuvent plus rembourser et causent des pertes colossales au sein des banques, ce qui conduit celles-ci à restreindre leur crédit (=credit crunch). Les grandes entreprises connaissent alors des difficultés de trésorerie de plus en plus importantes. Les plus faibles font faillite, ce qui accroît la fragilité des banques. Les épargnants paniquent et se précipitent auprès de leur banque pour retirer leur argent (on appelle ce phénomène le « bank run »). Sans mécanismes de stabilisation, les banques les plus faibles sont dévastées par les retraits de fonds et doivent faire faillite à leur tour : la crise devient alors une crise bancaire à partir de 1930.

Les crédits sont de moins en moins accordés, la consommation, l’investissement et la production continuent de chuter, le chômage explose (de 1,5 million à 15 millions en 1933), et la crise bancaire devient une crise économique en 1931.

Les mesures protectionnistes comme la loi Hawley-Smoot de 1930 aux Etats-Unis sur les droits de douane favorisent la propagation de la crise à toutes les Economies occidentales à partir de 1931.

Une tentative de redressement de l’économie américaine sera amorcée par le New Deal et en particulier le National Industrial Recovery Act de 1933, mais une rechute se produit en 1937. Ce n’est qu’avec l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale fin 1941 que le pays se redresse durablement.

Cette crise boursière, bancaire, économique et sociale mondiale va ainsi conduire à la période appelée « Grande dépression » et par la suite, au déclenchement de la seconde guerre mondiale.

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