L’Euribor, c’est 15 taux d’intérêt utilisés par les banques pour calculer les taux des livrets bancaires, les taux des comptes à terme et les taux pour les prêts ou emprunts à taux variables. Mais derrière ce terme technique, que sont les taux Euribor ? Comment est-ce qu’ils sont fixés ? A quoi servent-ils réellement ?
Le terme Euribor s’obtient par la contraction du nom anglais : EURo InterBank Offered Rate. Nous pouvons le traduire en français de la façon suivante : taux d’intérêt interbancaire offert entre banques.
L’Euribor est un taux d’intérêt à court terme
Il n’existe pas un seul taux Euribor mais 15 taux d’intérêt euribor qui correspondent chacun à 15 échéances différentes. Il existe par exemple l’Euribor à 1 ,2 ou 3 semaines et les taux Euribor portant sur 1, 3… 12 mois. Rappelons qu’un taux d’intérêt définit le coût du prêt d’une somme d’argent pour une durée donnée. Pour les prêts à taux variables, les taux d’intérêt sont indexés en général sur les taux Euribor à court terme (maturité trois mois à un an). L’Euribor 3 mois intervient dans le calcul du taux du livret A (de même que l’Eonia et l’indice des prix). Pour de nombreux autres produits d’épargne, on choisit les taux Euribor de termes différents selon la maturité du produit.
Actuellement, les taux d’intérêt à court terme se situent à un plus bas historique. Ceci explique la faible rémunération des produits d’épargne à court terme, de même que le niveau très peu élevé des taux proposés pour les prêts immobiliers.
L’Euribor est utilisé sur le marché interbancaire
Chaque jour les banques doivent faire des ajustements de trésorerie (aussi appelé cash) pour rééquilibrer les avoirs en liquidité dont elles ont besoin pour poursuivre leur activité bancaire. Le marché interbancaire est un marché de gré à gré, ce qui signifie que les banques ayant un excès de liquidité bancaire prêtent aux banques ayant un besoin de liquidité bancaire. Ces prêts se font à différentes échéances aux taux euribor respectifs (1 semaine…12 mois). Sur le marché interbancaire ne peuvent intervenir que les banques, la banque centrale européenne, les banques centrales nationales, certaines entreprises de financement et enfin certaines institutions publiques dont le Trésor public ou la Caisse des dépôts et consignations. C’est ainsi que l’on se rend compte que chaque banque est liée à une ou plusieurs autres et si l’une d’elle venait à faire faillite, elle pourrait entrainer dans sa chute plusieurs autres banques.
Comment se calcule l’Euribor ?
L’EURIBOR se calcule par un panel de banques : 47 banques européennes de la zone euro, 4 banques européennes hors zone euro et 6 banques hors Union européenne, ayant toutes une excellente réputation de solvabilité (notamment via les agences de notation), proposent chaque jour à la Fédération des banques européennes (FBE), une évaluation individuelle des taux euribor. Ces évaluations s’effectuent en fonction des besoins de liquidité du marché mais aussi en fonction de données macro économiques telles que le niveau d’inflation, le taux de croissance, les notations et le taux de refinancement de la Banque centrale européenne. En effet l’ensemble de ces agrégats économiques conditionnent l’activité des banques. Quant au taux de refinancement, il donne des informations sur la politique monétaire de la BCE. La Fédération des banques européennes, par un calcul scientifique, publie chaque jour ouvré à 11 heures (heure de Paris) une moyenne de ces taux que l’on appelle le fixing.
Eonia, le plus petit taux du marché interbancaire
Le taux EONIA varie selon l’offre et la demande à 1 jour de liquidité bancaire. On calcule donc le taux EONIA en faisant la moyenne pondérée de toutes les transactions au jour le jour de prêts non garantis réalisées sur le marché interbancaire. On ne retient que les échanges entre les 47 banques membres du panel des banques. Pour mémoire, il faut rappeler que les taux Euribor se calculent, non pas à partir des transactions mais à partir des évaluations, a priori, des volumes de liquidité à échanger. Il ne s’agit pas de quelque chose de précis, donc il est préférable que les estimations soient les plus justes possible.
Au Royaume-Uni, c’est le Libor
Il y a d’autres taux interbancaires hors de la zone euro. Par exemple sur le marché interbancaire londonien, le Libor se décline en 15 taux d’échéances différentes. Il se calcul pour un panel de 10 devises différentes.
Un mode de calcul malgré tout remis en question
Le mode de calcul de l’Euribor est aujourd’hui remis en cause depuis l’affaire du « Libor » : Rappelons que le 28 juin 2012, la Banque Barclays a été condamnée par la justice américaine à la demande des régulateurs américains et anglais, pour avoir manipulé le London InterBank Offered Rate (Libor) sur la période 2005-2009. Cette banque, avec la complicité d’autres banques, s’entendait pour proposer des taux dont le niveau favorisait les positions spéculatives. La manipulation de ces taux, aujourd’hui fortement sanctionnée, a permis à plus d’une quinzaine de banques de s’enrichir frauduleusement aux dépens notamment du petit épargnant, comme bien souvent malheureusement. Les amendes qu’elles ont du payer ont bien évidemment été versées aux Etats, et non pas aux épargnants lésés.
La nécessité de réguler
C’est ce qu’a décidé la commission européenne qui a présenté au cours du deuxième trimestre 2013. Un nouveau texte législatif sur les taux de référence. « L’intégrité des taux de référence est un élément crucial pour la fixation des prix de nombreux instruments financiers et contrats commerciaux et non commerciaux » selon Michel Barnier, commissaire européen aux Services financiers. La commission européenné a pris plusieurs mesures, comme par exemple:
- Elargir le nombre de banques qui doivent faire partie du panel des banques afin d’éviter les risques d’entente et de distorsion.
- Un numerus clausus de banques qui devront obligatoirement faire partie du panel de banques. En effet, devant les menaces de sanctions en cas de manipulations des taux, certaines banques comme l’allemande Bayern LB, sont sorties du panel. La commission européenne envisage donc d’exercer un pouvoir de contrainte pour obliger les banques à « des soumissions obligatoires pour les taux de référence d’importance systémique ».
Des questions encore en suspens
La banque centrale européenne, en juillet 2012, avait également proposé la mise en place d’un nouveau mode de calcul. Celui-ci se ferait non pas à partir des taux estimés mais à partir des taux effectifs observés sur le marché interbancaire. Seulement, est-ce possible sur un marché où la confiance entre les banques est encore fragile ?
Quelle autorité assurerait la régulation de cette nouvelle organisation ? La BCE semble la plus compétente mais sur les rangs se présente aussi la petite autorité de régulation européenne ESMA. On peut également retrouver l’Autorité Bancaire Européenne (ABE).
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